Cap sur… le manque

Aujourd’hui, petit exercice de gym cérébrale. Pour chaque instance où on soupire et marmonne « je veux ma vie d’avant », on note le contre. Pourquoi être négatif ? Ce n’est pas vraiment le principe, mais plutôt se demander si « comme avant » est bien ce que l’on veut. En fait, on rêve de retrouver une vie normale, hors danger, hors règles autres que celles des lois de quotidiens banals. Mais n’avons-nous pas réalisé, après 41 jours, que « comme avant » est impossible, car nous avons changé ? ⠀

On veut s’asseoir en terrasse avec les amis. Comme à peu près tout le quartier, y compris les obsédés du « phone » qui font profiter 83 personnes de leur conversation « hyper bizeunesse, man ».⠀
Ces mêmes « power people » qui sont collés à face time en marchant dans la rue, et que vous devez éviter en slalomant sur les trottoirs. Saviez-vous qu’une ville du Japon a habillé les lampadaires de mousse pour minimiser les blessures auto-infligées quand le front rencontre le fer forgé ?⠀

Oui mais le rythme, le rythme est trop chamboulé. Ah oui. Il faut se lever moins tôt pour avoir tout le monde prêt (habillé, nourri) avant de déposer les enfants à l’école/chez la nounou, courir au métro ou pire encore, partir assez tôt pour éviter les embouteillages. Et se concentrer pour éviter les vélos, les skaters, les piétons, les taxis furieux. Et se souvenir que la rue Truc est en sens unique jusqu’à fin des travaux et que le pont Bidule est fermé pour nettoyage de fientes de pigeons.⠀

Ou encore, les vacances à la plage … Ah, mais oui. Les coups de soleil, le sable dans les nattes, le petit coin minuscule pour 2 serviettes et une-demie pour les enfants. Et Ariane qui a avalé un coquillage. Et Nicolas qui a bu la tasse. Et les touristes un peu trop gais car c’est happy hour à la paillotte …⠀

Ce qui nous manque le plus, ce sont les repères. Nous avons passé des années à organiser nos journées et à adapter les changements normaux de vie (enfants, pavillon en banlieue, promotion professionnelle), planifier les weekends, le temps de vacances, les visites aux proches, la sortie du mois, le restau du vendredi. ⠀

Mais, vraiment, la première sortie sera pour le coiffeur !