Ô temps, suspend ton vol

« Cher journal,⠀
Le chien ne veut plus sortir. Pour prendre l’air, j’ai ouvert la fenêtre et suis restée à contempler le silence. Puis le voisin d’en face s’est mis à jouer de la trompette sur son petit balcon ou du violon, difficile à dire ça sonne pareil. Je n’ai pas aimé, alors je lui ai dit : Hier, tu pourras jouer autre chose ?⠀

Les enfants sont en vacances et veulent aller voir papy et mamy. J’essaie d’expliquer que l’attestation de sortie n’offre pas cette option et presque 3 heures de route, c’est au-delà du quota permis, même à vélo. Ils rétorquent que comme personne ne sort, il n’y aura pas d’embouteillages, cela devrait ne prendre que 20 minutes. Je reprends la leçon que le prof du chat a envoyée lundi prochain : si vous roulez à la vitesse de la température d’ébullition de l’eau, et que la distance est de l’année dernière par mètre carré, combien de temps faut-il de lundimanche à mercrejuin ?⠀
Je perds le sud. Mais nous sommes en bonne santé, c’est le principal. À l’année prochaine pour notre conversation quotidienne. »⠀

Vous trouvez le temps comme suspendu, surréel, avez quelque difficulté à différencier hier d’aujourd’hui et cela vous angoisse ? Tenir un journal est une bonne thérapie.⠀

Outre que cela aide à garder le sens du temps, cela permet de conscientiser les ressentis, lister ce qu’on a accompli, ce qu’on a envie d’attaquer. Écrivez vos succès, vos objectifs, les obstacles que vous rencontrez. Jetez des idées, des envies, pour demain ou pour plus tard. Mettre en mots ce qui nous manque peut aussi aider à anticiper le plaisir que l’on aura quand on pourra. Vous pouvez y noter des anecdotes, des moments précieux, ce que vous voulez inscrire dans la pérennité et auriez en temps normal considéré comme anodin. Le temps tel qu’on le compte de nos jours est un repère. En heures, en jours, en mois. 24, 7, 12. Nous ne sommes pas maîtres du temps, mais nous sommes maîtres de notre temps. ⠀
Prenez soin de vous. Prenez le temps.